Building Thinking Classrooms – Semaine #0

Je vous avais déjà touché un mot à propos du concept de thinking classroom, parfois traduite au Canada par classe collabo-réflexive. Hé bien, cette année, armé de mon exemplaire du livre de P. Liljedahl Building Thinking Classrooms in Mathematics, j’ai décidé de sauter le pas pour de bon! 🪂

Je me suis en effet rendu compte que travailler comme ça allait me permettre de profiter pleinement de ma philosophie d’enseignement, tout en apportant d’autres avantages considérables. En tout cas c’est mon espoir 😁

J’ambitionne de partager avec vous mon cheminement de semaine en semaine (je ne me fais pas trop d’illusions sur la régularité, mais je vais vraiment tenter de tenir le cap ⛵)

Dans ce post introductif, je vous propose un aperçu plus détaillé de ce qu’est une thinking classroom pour vous donner une idée de ce qui m’attend 😁

Le concept est dû à Peter Liljedahl, et le point de départ de ses recherches est le constat que 80% des élèves ne réfléchissent pas un seul instant durant une heure de cours de math (ils imitent, attendent, font semblant, font autre chose…) Ce qui a de quoi interpeler quand on sait que sans investissement intellectuel, il n’y a tout simplement pas d’apprentissage.

Liljedahl a alors passé 15 ans de recherches à tenter de dégager quelles pratiques permettaient d’opérer un changement profond de culture de classe, mettant à tout instant la réflexion à l’honneur, et augmentant ainsi sensiblement la qualité de l’apprentissage ✌️

Voici un aperçu des pratiques qui ressortent de ces recherches, classées selon 14 aspects de la vie de classe. On trouvera bien sûr plus de détail dans le livre Building Thinking Classrooms in Mathematics, chez Corwin Mathematics.

#1 Les types d’activités utilisées

  • Durant les 3 à 5 premiers cours: donner des problèmes non-curriculaires, attrayants, qui donnent envie d’être résolus.
  • Ensuite, donner des activités curriculaires scriptées: une question de prérequis, une question d’extension de ces prérequis, et leur demander de faire quelque chose sans leur montrer comment.

#2 La manière de former des groupes collaboratifs

  • Former fréquemment des groupes de 3 élèves de manière ostensiblement aléatoire.

#3 Où les élèves travaillent

  • Faire travailler les élèves sur des surfaces verticales effaçables (e.g. tableaux blancs).
  • Un seul marqueur par groupe pour favoriser la discussion.
  • Tenir les groupes responsables de l’apprentissage de chacun de leurs membres.

#4 Comment la classe est aménagée

  • Regrouper les bancs en petits ilots, tous dans des directions différentes.
  • Ne plus utiliser un endroit de la pièce comme « devant », mais adresser les élèves de n’importe où.

#5 Comment on répond aux questions des élèves

  • Ne répondre qu’aux questions qui leur permettent de continuer à réfléchir, typiquement des questions de clarification.
  • Ne pas répondre aux questions qui leur permettent d’arrêter de réfléchir, telles que «Est-ce que c’est juste? On doit faire comment? Il faudra connaitre ça?» Ou y répondre par une question.

#6 Quand, où et comment les activités sont données

  • Donner la 1ère activité dans les 3 à 5 premières minutes du cours.
  • Donner les instructions et les détails de l’activité oralement, en notant un minimum d’éléments au tableau, avec les élèves regroupés debout près de soi.

#7 À quoi ressemble le travail à domicile

  • Donner l’opportunité aux élèves de répondre à des questions destinées à vérifier leur compréhension.
  • Ne pas les coter, ne pas vérifier qu’elles ont été faites, ne pas les corriger en classe, ne pas les présenter comme un devoir.
  • Fournir les réponses en même temps, et des solutions détaillées au cours d’après.

#8 Comment on favorise l’autonomie des élèves

  • Ne jamais répondre à une question à laquelle un autre groupe pourrait répondre.
  • Systématiquement rediriger les élèves bloqués vers le travail d’autres groupes lorsque celui-ci peut aider.

#9 Comment on utilise les indices et les dépassements

  • Commencer avec des questions abordables pour être sûr que tout le monde embarque dès le début.
  • Créer des séquences de tâches légèrement plus compliquées à chaque étape en variant un aspect à la fois. Voici un exemple pour la factorisation d’expressions du 2nd degré:

  • Veiller à garder chaque groupe en état de flow (la zone de travail entre l’ennui et la frustration), en fournissant des indices et des extensions sur le moment, de manière asynchrone.

#10 Comment on consolide une leçon

  • Sélectionner et séquencer le travail des élèves en commençant par les solutions les plus élémentaires, et en les connectant avec les solutions plus avancées.
  • Garder les élèves debout, et les faire bouger de tableau en tableau.
  • Ne pas laisser les élèves présenter leur propre travail.

#11 Comment les élèves prennent note

  • Donner du temps spécifique pour que les élèves prennent les notes qu’ils souhaitent afin de les aider lorsqu’ils auront tout oublié dans 3 semaines.
  • Donner des tâches 3 semaines plus tard qui nécessitent l’usage de leurs notes.
  • Faciliter cette prise de note en leur proposant des canevas, des sélections à faire, des exemples à corriger, etc.

#12 Le comportement qu’on choisit d’évaluer

  • Évaluer ce qu’on valorise (collaboration, persévérance, prise de risque)
  • Utiliser des rubriques simples de ce style:

#13 Comment on utilise l’évaluation formative

  • S’en servir pour communiquer à l’élève précisément où il en est et où il va.
  • Utiliser des grilles de navigation liant le contenu du chapitre à des questions concrètes, telles que celle-ci:

  • Utiliser ces grilles pour permettre aux élèves de s’auto-évaluer à partir des résultats de tests formatifs et des questions de vérification de compréhension.

#14 Comment on évalue la maitrise de la matière

  • Coter sur base de données collectées au fur et à mesure des semaines, et non sur base d’une moyenne de points.
  • Utiliser des grilles de progression telles que ci-dessous pour collecter ces données.
  • Collecter des données via des tests (non cotés), des conversations, des observations au quotidien.
  • Ignorer les 1ers échecs compensés par des réussites plus tardives.
  • Autoriser les élèves à ne pas passer, ou passer partiellement les tests auxquels ils ne seraient pas prêts.

Il y a du boulot, n’est-ce pas?! 😄 Heureusement, tout ça s’implémente progressivement.

On se retrouve bientôt pour un 1er compte-rendu avec la semaine 1!

Je ne retrouve plus la source de la photo-bannière. Si c’est votre photo, contactez-moi!
Les illustrations des pratiques 9, 13 et 14 proviennent directement du livre Building Thinking Classrooms in Mathematics.